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Olivier TERWAGNE MAL BLESSEE Ed. Traverse

Publié le par Claude Donnay

Olivier TERWAGNE   MAL BLESSEE

Journal philo amoureux 2.0. d’un enfant du siècle

Editions Traverse, 2017, 205 p, 18 €

 

Il y a peu, je recensais le livre d’Eric Allard, « Les écrivains nuisent gravement à la littérature » (Cactus Inébranlable Editions) et je me demandais comment le qualifier, comment le faire entrer dans une catégorie, un tiroir, comment le ranger sur telle ou telle planche de l’armoire…  Et bien, avec « Mal blessée » d’Olivier Terwagne, je me trouve dans le même cas de figure.  Un livre aux multiples reflets, un livre kaléïdoscope, qui nous emporte, nous ballotte, nous ouvre des horizons insoupçonnés.

La forme déjà est déstabilisante : on passe des citations/aphorismes, aux poèmes, aux lettres et même aux contes.  Olivier Terwagne rend compte du journal d’une certaine Constance et d’un Grec, Kiriakos. La 4e de couverture nous apprend que l’auteur a retrouvé le « journal de Constance » dans une maison abandonnée, près du Château de Chimay.

 Qui est-elle cette mystérieuse Constance, qui habite Chimay, un coin de Belgique bien connu par les amateurs de bonne bière, qui se voudrait actrice ou écrivain(e) ? Et ce Kiriakos, un guide de voyage, qui entre en relation avec elle, une relation d’amour ?

Tout au long des chapitres qui émaillent ce livre, le lecteur est tenu en haleine, parfois assommé par les références à la Grèce antique et à l’actualité du monde.  Un exemple parmi d’autres : dans le conte (1) intitulé « L’Oikos nomia du Temps », Constance, sous la plume d’Olivier Terwagne, brasse l’Histoire et l’idée de Temps – le  concept qui s’incarne dans un être, à la manière des dieux antiques – depuis son berceau originel, pour nous montrer l’absurdité du monde actuel.  La démonstration est si évidente que le lecteur comprend enfin pourquoi il court sans cesse du matin au soir.  Et c’est ce que j’aime dans ce livre, ce surréalisme mâtiné d’humour labélisé belge pur jus, le tout saupoudré d’une érudition qui affleure à chaque page comme le clin d’œil d’un récif coralien.

Ce n’est pas anodin qu’en dessous du titre « Mal blessée », on trouve la mention « Journal philo amoureux 2.0. d’un enfant du siècle ».  Le journal de Constance associe la philosophie et l’amour vécu à notre époque de numérisation intense.  J’ai déjà signalé l’importance de la philosophie grecque, mais le livre abonde de références à différents penseurs tels que Heidegger, Nietszche ou Sartre. Et que dire des références cinématographiques, les films d’Arnaud Desplechin en tête, mais aussi ceux de Claude Sautet ou de Truffaut…

Olivier Terwagne réussit un livre magistral, alliant les trouvailles langagières et la rigueur philosophique.  Je reprends une formule de la 4e de couverture, la « pop poésie philosophique », qui colle parfaitement au ton du livre, qui révèle à chaque immersion dans ses pages, des sensations nouvelles.

« Mal blessée » est un livre qu’on aura tendance à garder sur la table de nuit, ou sur un coin du bureau, à portée de main, tant le plaisir de la relecture ou d’une plongée aléatoire, risque de se faire insistant.

Inutile donc de vous répéter, mais je le fais quand même (vieille manie de prof), que j’ai adoré ce livre et que je vous conseille fortement de l’acquérir le plus vite possible.  Ah oui… L’idéal est de le consommer en même temps qu’une Chimay blanche… ;)

                                                                  Claude Donnay  11 mars 2018

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