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SI DEMAIN VIENT

Publié le par Claude Donnay

SI DEMAIN VIENT

 

Je ne dirai rien

Emmuré

Reclus

Broyé dans la coursive

Je commencerai

Par découper le silence

Au laser de mes désirs

Et puis les menottes des rires perdus

 

Je commencerai

Par être un sac vide

Une ouverture

Un émerveillement

Pas un refus juste un sourire

Sur la bouche du jour

Sans un mot pour être au diapason

Des autres qui viennent et vont

Entre les perches du temps

Sur le pont rouillé

 

Je commencerai nu

Pour n'avoir rien à emporter

Pas même l'air que j'inspire

Je serai une fugue

Sous les doigts du vent

Pour renverser le sommeil dans son duvet

Je ne veux rien emporter

Sur le bateau à vivre

Je trouverai tout là-bas

De l'autre côté du chagrin

Là où le sable ne déserte pas la plage

Pour manger la terre

 

Je commencerai

Par repousser le noir

Loin des frontières

Loin de mon dos meurtri

Je traverserai un souffle

La main tendue en aveugle

Je ne veux pas voir

Que personne ne m'attend

De l'autre côté de l'espoir

Je n'ai rien emporté

Ou tout sans le savoir

Qui a dit que le désespoir n'existe pas ?

Celui-là ne connaît rien du noir

Dans le hublot au ras des flots

 

Si la mer ne m'avale avant l'aube

Je commencerai

Par prendre la chair de la rive

Je m'enroulerai dans sa peau

Dans l'odeur de sa peau

Je n'ai rien emporté

Que ma couleur pour me draper

Et puis les larmes qui baignent mon ventre

Jusqu'au bord du dire

 

Quand le bateau ouvrira la terre demain

Si demain vient

Si le jour n'aboie pas dans le vide

Si je n'ai pas touché le fond de cette mer sans rives

Je hisserai ma parole au dernier mat de lumière

Que me reste-t-il d'autre

Que cet entêtement à dire à nommer à écrire

Dans cette boîte rouillée à la dérive

Entre ces corps serrés dos à dos

Ventre à ventre ?

Que me reste-t-il d'autre que ces mots

Pour pleurer la transparence d'un visage

Même frappé d'amnésie

Si demain vient, qui sait

Si demain vient

Je commencerai

L'inventaire de mes rires à venir

Pour nourrir le brasier du jour

 

 

                                                                     Claude Donnay

                                                                                                   9/10/2016

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