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Arnaud DELCORTE Aimants + Rémanences

Publié le par Claude Donnay

Arnaud DELCORTE  Aimants +  Rémanences

Editions Unicité, 2019, 117p, 15 €

 

            Deux parties dans ce recueil, présentes dès la page de couverture.  La première, Aimants, est constituée de quatrains, la seconde, Rémanences, alterne des textes courts et plus longs.

            Aimants commence sous le signe d’une rupture, d’un amour perdu, qui brouille les repères du poète.  Abandonné, perdu, il s’interroge sur le sens de la vie après l’amour.

Et il relate cet amour, les moments en apparence insignifiants, comme la caresse d’un corps sur la main, « un moment chichement volé à l’autre », les rencontres furtives « sur un banc bien militaire » ou dans la « jungle souterraine », des moments « sans prix » dans la résonance des corps sans entraves.  Une ivresse d’amour que l’aube réduit à la réalité.

            Le poète oscille entre l’extase et le manque, ou l’idée du manque à venir.  « Que reste-t-il après ? » se demande-t-il, pour en revenir sans cesse à l’amour, encore l’amour, au-delà du temps, les amours ou l’amour dans sa multiplicité.

« Et au loin tous ces amours ne feront plus qu’un »

            Vient le temps de la dispute, le temps où l’amour « se fond dans la nuit ».  Le poète constate qu’  « il est plus ardu d’aimer sans être aimé », mais que  « peu de choses en somme / conservent leur valeur / Au regard de l’amour »

            Le titre, Aimants, participe de cette attraction des corps, l’un envers l’autre, et inscrit l’amour dans l’instant, dans le moment vécu, chacun « aimant » l’autre dans la simultanéité.

 

             Rémanences,  la seconde partie, commence par une définition du terme, dont l’essentiel consiste dans le fait qu’il s’agit d’une persistance partielle d’un phénomène après la disparition du la cause qui l’a provoqué.  N’oublions pas qu’Arnaud Delcorte est physicien.

Le lien avec la première partie du recueil est évident et accentué encore par le signe de l’addition, qui relie les deux composantes du recueil.

            Style très différent.  Le poète écrit ce qui persiste de cet amour perdu, collationne les moments vécus et les sublime dans le poème, sous toutes ses formes, du haïku à la prose poétique, en passant par des textes très lyriques.  L’amour se fond dans les mots « qui s’enjambent » et perdure jusqu’à l’heure de la mort, « quand le soleil aura tourné tourné tourné »

 

            Avec ce recueil, Arnaud Delcorte livre un chant d’amour dans ce qu’il a de plus inattendu, de plus inabouti parfois, mais aussi dans ce qu’il de plus essentiel, à savoir l’alchimie de fulgurances, qui éclaboussent le présent, et la rémanence de ces moments dans le temps à vive après, et jusqu’au bout.  Le poète atteint ici une justesse de ton et une aisance dans l’écriture, qui emportent l’adhésion de son lecteur.  Et le portrait onirique de l’auteur, signé Patrick Lowie, en guise de postface, s’inscrit parfaitement dans la philosophie du recueil.  Un régal !

 

                                                                       Claude Donnay

 

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